Depuis quelques années, le Canada connaît une forte recrudescence du nombre de décès liés à l’utilisation d’opioïdes, avec près de 45 000 hospitalisations au pays depuis 2016, selon Santé Canada. Les opioïdes sont également fréquemment utilisés pour gérer la douleur pendant et après les opérations chirurgicales, mais leur usage excessif ou prolongé peut entraîner une dépendance, des effets secondaires graves ou des complications.

Le docteur Michael Verret est professeur adjoint au Département d’anesthésiologie et de soins intensifs de la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur-clinicien au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval. Il dirige actuellement un programme de recherche visant à identifier des alternatives efficaces aux opioïdes en médecine périopératoire permettant d’améliorer les issues orientées vers le patient, telles que la douleur et la qualité du rétablissement après la chirurgie.

Le programme OPUS (Optimizing Patient-centred outcomes Using pioid inimization Strategies) a pour objectif de décrire, d’évaluer, de comprendre et de guider les pratiques médicales quant à l’utilisation d’alternatives aux opioïdes.

Financé par l’International Anesthesia Research Society et les Instituts de recherche en santé du Canada, son prochain projet reposera sur une étude clinique randomisée menée dans plusieurs sites hospitaliers à travers le pays.

« Nous cherchons à évaluer l’efficacité de deux médicaments, la dexmédétomidine et la lidocaïne administrées par voie intraveineuse pendant l’anesthésie générale, comme médicaments prometteurs pour améliorer le rétablissement des patients après une opération », explique-t-il.

En se basant sur une revue exhaustive de la littérature qu’il a récemment complétée avec son équipe, le Dr Verret a d’ailleurs constaté une lacune significative dans la littérature scientifique concernant les critères d’efficacité utilisés pour évaluer le rétablissement des patients suivant une chirurgie. De nombreuses études cliniques privilégient des indicateurs administratifs, tels que la durée du séjour, comme seuls critères d’efficacité. Ces indicateurs sont pertinents, mais ils ne sont généralement pas les plus importants pour les patients.

« Si nous examinons plutôt la qualité du rétablissement, c’est-à-dire ce que le patient est capable de faire en termes de retour au travail, de fonctionnement, de s’habiller, de manger et de pratiquer ses loisirs, nous avons constaté que ces aspects sont vraiment importants pour les patients et les cliniciens, mais ils sont très peu évalués dans les études effectuées auprès de la clientèle chirurgicale. »

À l’issue du programme OPUS, le Dr Verret et son équipe espèrent générer des données plus cohérentes avec les priorités des patients et améliorer la qualité de leur rétablissement, tout en réduisant la douleur et les risques associés à l’utilisation des opioïdes grâce à des alternatives plus sécuritaires et efficaces.

Un parcours en épidémiologie

Officiellement chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval depuis l’été 2024, le Dr Verret a complété une maîtrise en épidémiologie clinique et une résidence en anesthésie à l’Université Laval, ainsi qu’un doctorat en épidémiologie à l’Université d’Ottawa.

Durant sa formation doctorale à l’Institut de Recherche de l’Hôpital d’Ottawa, il a acquis une expertise méthodologique approfondie en analyses inférentielles, en synthèse des connaissances, ainsi qu’en planification d’essais cliniques randomisés. Il a également développé une approche par application des connaissances intégrée, visant à impliquer les parties prenantes en recherche, notamment en collaborant étroitement avec des patients partenaires dans le développement du programme OPUS.

L’intérêt du Dr Verret pour l’épidémiologie s’est rapidement révélé au cours de ses premières années en médecine, lorsqu’il a commencé à s’interroger sur la provenance et l’incertitude des connaissances médicales. Cette curiosité intellectuelle l’a poussé à approfondir ses propres connaissances et à s’investir dans la recherche orientée vers le patient.

Dr Michael Verret