Infertilité féminine : lorsque le cerveau s’en mêle

Touchant près d’une femme sur 10 en âge de procréer, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est l’une des principales causes d’infertilité féminine à travers le monde, pour laquelle il n’existe que très peu, voire aucun traitement curatif. Mauro Silva, professeur adjoint au Département d’obstétrique et gynécologie de la Faculté de médecine de l’Université Laval et nouveau chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, s’intéresse à cette problématique.
Le syndrome des ovaires polykystiques entraîne une production excessive d’androgènes, une hormone masculine, ce qui peut provoquer des symptômes comme l’acné, une pilosité excessive et une calvitie de type masculin. Les femmes qui en sont atteintes peuvent également éprouver des cycles menstruels irréguliers ou absents, jusqu’à l’absence d’ovulation.
Bien que son nom fasse référence aux ovaires, des études récentes suggèrent que le cerveau pourrait jouer un rôle important dans la pathologie du syndrome des ovaires polykystiques. Plusieurs neurones du cerveau produisent des hormones, tout comme les glandes du corps. Ces hormones influencent le comportement du cerveau, et à l’inverse, les hormones produites par les glandes corporelles affectent également le cerveau.
Le professeur Silva tente donc de mieux comprendre l’influence neurobiologique de la communication entre le cerveau et les ovaires, ainsi que les fonctions des circuits neuronaux impliqués dans les fonctions reproductives.
« Nous avons découvert que certaines hormones produites par le cerveau peuvent influencer de manière significative la fonction ovarienne. En ciblant ces mécanismes cérébraux, nous espérons pouvoir développer de nouvelles approches thérapeutiques pour atténuer les symptômes de la maladie », souligne le professeur Silva.
Deux brevets ont d’ailleurs déjà été déposés, dont un pour traiter la dysfonction sexuelle chez les femmes atteintes du SOPK. « Nous avons testé ce traitement en utilisant des modèles animaux et nous espérons bientôt pouvoir le commercialiser », ajoute-t-il.
Un parcours académique aux quatre coins du globe
Originaire du Brésil, le professeur Silva a tout d’abord débuté son parcours académique à l’Universidade Federal de Minas Gerais à Belo Horizonte, où il a obtenu un baccalauréat en biologie et une maîtrise en physiologie. Lors d’un stage de recherche à l’Université Wake Forest en Caroline du Nord, il a rapidement développé un intérêt pour la neuroendocrinologie en lien avec la santé de la femme.
Il a ensuite poursuivi un doctorat en neurosciences à l’University of Otago en Nouvelle-Zélande et des stages postdoctoraux en France à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et aux États-Unis à la Harvard Medical School – Brigham and Women’s Hospital.
Aujourd’hui chercheur au sein de l’axe Reproduction, santé de la mère et de l’enfant, le professeur Silva se dit avoir toujours été passionné par la science, et ce, même depuis son plus jeune âge.
« Depuis que je suis enfant, je voulais être scientifique. Mon père était enseignant, donc je savais qu’à un certain moment, j’aimerais enseigner. Mon père m’a toujours encouragé à poser des questions, à être curieux et à chercher des réponses. Il m’a montré que l’apprentissage est un processus continu et que la recherche est un moyen de contribuer à la société. »
Grâce à son parcours international et à son expertise en neuroendocrinologie, il aspire à créer un environnement de recherche stimulant et collaboratif. À long terme, le professeur Silva espère que ses travaux permettront de développer des traitements innovants, non seulement pour le syndrome des ovaires polykystiques, mais aussi pour d’autres troubles de l’infertilité.

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