Les maladies neuromusculaires, qui affectent les muscles et les nerfs qui les contrôlent, représentent un défi médical majeur en raison de leur complexité et de leur impact dévastateur sur la qualité de vie des patients. Les dernières avancées en thérapie génique offrent cependant de nouvelles perspectives prometteuses pour le traitement de ces maladies.

Médecin clinicien enseignant adjoint au Département de médecine de la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur-clinicien au sein de l’axe Neurosciences du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, le Dr Vincent Picher-Martel concentre ses travaux sur deux grandes thématiques liées aux maladies neuromusculaires.

Il s’emploie à développer une thérapie dirigée vers le gène pour la dystrophie oculopharyngée et à identifier des modulateurs de l’autophagie dans la sclérose latérale amyotrophique, dans le but de faire progresser notre compréhension de ces maladies dévastatrices.

La dystrophie oculopharyngée

Touchant près d’une personne sur 1000 au Québec, la dystrophie oculopharyngée est une maladie génétique rare qui entraîne une faiblesse progressive des muscles des paupières, de la gorge et, à terme, d’autres groupes musculaires. Elle rend notamment difficiles certaines fonctions vitales comme la déglutition et la vision.

À ce jour, peu d’équipes de recherche dans la province se consacrent à cette maladie. « Il y a relativement peu de chercheurs qui s’y intéressent, et aucune équipe de recherche fondamentale à Québec. Je trouvais qu’il y avait un vide en recherche qui méritait d’être comblé », souligne-t-il.

Le Dr Picher-Martel se penche particulièrement sur les thérapies dirigées vers le gène, avec l’objectif de corriger directement les mutations génétiques responsables de la maladie. Comme la dystrophie oculopharyngée est causée par une mutation unique dans un gène connu, elle constitue une cible idéale pour ces approches.

Il vise à développer de nouveaux modèles cellulaires en introduisant des répétitions de séquences génétiques spécifiques dans des cellules souches pluripotentes, qui seront ensuite différenciées en cellules musculaires.

« Ces modèles serviront à évaluer l’efficacité de nos stratégies thérapeutiques et, dans les prochaines années, permettront de concevoir des traitements novateurs pour limiter l’impact pathologique de la mutation chez les patients », précise-t-il.

La sclérose latérale amyotrophique

Dans le cadre de sa deuxième thématique de recherche, le Dr Picher-Martel s’intéresse également à la sclérose latérale amyotrophique (SLA), un sujet qu’il a approfondi lors de son passage postdoctoral au Massachusetts General Hospital de l’Université Harvard.

Aussi connue sous le nom de maladie de Lou Gehrig, la SLA est une affection neurodégénérative grave qui touche les cellules nerveuses responsables des mouvements volontaires, appelées motoneurones. Leur dégénérescence progressive entraîne une paralysie musculaire sévère.

Le Dr Picher-Martel étudie l’autophagie, un processus cellulaire crucial qui permet d’éliminer les protéines endommagées ou inutiles. Un dysfonctionnement de ce mécanisme peut entraîner une accumulation de protéines toxiques, notamment au niveau des neurones, et ainsi contribuer à leur dégénérescence.

« Étant donné les défauts au niveau de l’autophagie chez les patients atteints de SLA, mon objectif est de trouver des moyens pour améliorer ce processus et, ultimement, ralentir la dégénérescence des neurones », explique-t-il.

À l’aide de modèles cellulaires sophistiqués, comme les souches pluripotentes induites, et de technologies avancées telles que CRISPRi, le Dr Picher-Martel identifie les gènes susceptibles de restaurer l’autophagie et de freiner la progression de la maladie. Grâce à cette approche novatrice, il espère non seulement améliorer la qualité de vie des patients, mais aussi offrir des solutions thérapeutiques durables pour ces maladies dévastatrices.

Dr Vincent Picher-Martel