Des chercheurs identifient d’importantes anomalies vasculaires dans le cerveau de gens atteints de la maladie de Huntington

Une étude internationale à laquelle ont participé des chercheurs de l’Université Laval et du CHU de Québec-Université Laval a identifié pour la première fois d’importantes modifications vasculaires dans le cerveau de personnes atteintes de la maladie de Huntington. Cette avancée, dont les détails sont rapportés dans le plus récent numéro de la revue Annals of Neurology, aura de profondes implications sur notre compréhension de cette maladie neurodégénérative mortelle et pourrait ouvrir la porte à de nouvelles cibles thérapeutiques.

La maladie de Huntington est une maladie héréditaire qui se traduit par une dégénérescence neuronale provoquant d’importants troubles moteurs, cognitifs et psychiatriques menant progressivement à la perte d’autonomie et à la mort. La maladie se développe chez des personnes âgées de 40 à 50 ans en moyenne. Il n’existe aucune cure et les traitements actuels ne font qu’aider à contrôler certains symptômes sans ralentir le processus neurodégénératif. La maladie frappe environ une personne sur dix mille.

Même si la cause de la maladie d’Huntington est connue depuis longtemps, les processus physiologiques qui y sont associés demeurent jusqu’à maintenant mal compris. Certaines maladies neurologiques, tels le parkinson et l’alzheimer, s’accompagnent de modifications de la vascularisation du cerveau et de la barrière hématoencéphalique, l’interface qui assure les échanges entre la circulation sanguine du corps et celle du système nerveux central. L’équipe dirigée par Francesca Cicchetti, professeure à la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheuse au CHU de Québec-Université Laval, a voulu déterminer si ces modifications sont également présentes dans la maladie de Huntington. Pour y arriver, les chercheurs ont procédé à des tests d’imagerie cérébrale sur des personnes atteintes de la maladie d’Huntington, à l’analyse de tissus cérébraux de personnes décédées des suites de la pathologie et à l’étude d’un modèle murin reproduisant la maladie.

Les données recueillies révèlent la présence de huntingtine mutée, la protéine responsable de la maladie, dans toutes les composantes majeures des vaisseaux sanguins du cerveau. Les vaisseaux sanguins des cerveaux affectés par la maladie sont également plus denses et d’un diamètre réduit. « Les anomalies observées au niveau des vaisseaux sanguins cérébraux semblent provoquer des fuites de la barrière hématoencéphalique, ce qui pourrait permettre aux protéines pathologiques de se propager du système nerveux périphérique vers le système nerveux central », souligne la professeure Cicchetti.

« Pour l’instant, nous ne savons pas qu’elle est la véritable contribution de ce phénomène au développement ou à la progression de la maladie. Par contre, ces résultats ainsi que d’autres observations que nous avons publiés l’an dernier dans la même revue scientifique suggèrent fortement que la maladie n’est pas uniquement le résultat d’un phénomène intrinsèque aux neurones, c’est-à-dire le résultat d’une mutation génique, mais qu’au contraire des cellules saines peuvent à leur tour être infectées par la protéine mutée », soutient la professeure Cicchetti.

Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives dans le traitement de la maladie de Huntington. « Si, en effet, le transport de la protéine mutée vers le cerveau est facilité par des vaisseaux sanguins anormaux et une barrière hématoencéphalique plus perméable, on pourrait songer à développer des thérapies qui visent à restaurer l’étanchéité de cette dernière et à prévenir la migration de cellules porteuses de huntingtine mutée vers le cerveau », conclut la chercheuse.

Outre Francesca Cicchetti, les auteurs de l’étude sont: Janelle Drouin-Ouellet, Giulia Cisbani, Marie Lagacé, Martine Saint-Pierre, Wael Alata, Isabelle St-Amour, Frédéric Calon, Steve Lacroix (Université Laval); Stephen J. Sawiak, Wei-Li Kuan, Sarah L. Mason, Roger A. Barker (Université de Cambridge); Richard J. Dury, Penny A. Gowland, Susan T. Francis (Université de Nottingham).

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