Un programme de recherche contre le cancer du sein mène à un potentiel traitement de l’endométriose

Québec, le 20 février 2024 – Après 30 ans de carrière, un chercheur du CHU de Québec et professeur à l’Université Laval a conçu une famille de molécules prometteuses qui fait actuellement l’objet d’un partenariat avec une entreprise pharmaceutique (Insud Pharma) pour le développement d’un traitement contre l’endométriose.

Lorsqu’il a commencé ses travaux sur les inhibiteurs de l’enzyme 17β-HSD1 (17β-hydroxystéroïde déshydrogénase type 1), en 1991, c’est au traitement du cancer du sein que s’intéressait le professeur Donald Poirier, chimiste médicinal au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval. Vingt ans après le début de ses travaux sur cette famille de molécules, il s’est plutôt tourné vers le traitement de l’endométriose, une condition qui touche environ 10 % des femmes et pour laquelle il n’existe aucun traitement définitif.

La famille de molécules élaborée par l’équipe du professeur Poirier inhibe l’enzyme responsable de la formation de deux estrogènes, dont l’estradiol, une hormone impliquée dans la croissance des lésions d’endométriose. Il existe actuellement d’autres inhibiteurs, mais ils ont un effet réversible.

« Une des particularités de l’inhibiteur type dénommé PBRM est l’insertion d’un atome de brome dans sa structure moléculaire permettant ainsi l’inactivation sélective de l’enzyme 17β-HSD1 lorsque l’inhibiteur entre en contact avec l’enzyme, » explique le professeur Poirier. Le fonctionnement irréversible de cet inhibiteur lui confère ainsi un net avantage par rapport aux autres inhibiteurs connus.

Les essais sur des lésions de femmes atteintes d’endométriose ainsi que chez des modèles animaux ont montré l’efficacité du PBRM comme inhibiteur irréversible de l’enzyme 17β-HSD1, ce qui a mené le chercheur et son équipe à établir un partenariat pour le développement pharmaceutique d’un traitement qui pourra aider les femmes atteintes de cette condition pouvant entraîner des symptômes douloureux invalidants et même mener à l’infertilité.

Au cours des nombreuses années de recherche qui ont été nécessaires pour obtenir la molécule optimisée PBRM, l’apport des membres de l’équipe du professeur Poirier a été plus que significatif. René Maltais, expert en chimie organique de synthèse et en chimie médicinale, et Jenny Roy, experte en évaluation biologique de petites molécules, ont joué un rôle crucial dans la concrétisation de cette avancée majeure.

« Voir nos recherches sortir du laboratoire et évoluer vers un potentiel traitement, c’est un accomplissement incroyable, surtout après 30 ans de travaux, qui ont aussi permis de former plusieurs étudiants lors de stages en recherche et d’études aux cycles supérieurs (maîtrise et doctorat) », témoigne le professeur Poirier. « De savoir qu’éventuellement des femmes auront une meilleure qualité de vie grâce à cela nous rappelle pourquoi on s’engage en recherche. »

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Photo (de gauche à droite) : Donald Poirier, professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur en chimie analytique et médicinale au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval ; Jenny Roy, professionnelle de recherche et experte en évaluation biologique de petites molécules ; René Maltais, professionnel de recherche et expert en chimie organique de synthèse et en chimie médicinale.

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