Implication de la dipeptidyl peptidase DPF-3dans la régulation de la voie des miARN chez C. elegans
Louis-Mathieu Harvey1, Pierre-Marc Frédérick1, Pascale Michaud1 et Martin J. Simard1.
1Axe Oncologie, Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, Québec, Canada.
Les microARN (miARN) sont de courtes molécules d’ARN non-codants d’environ 22 nucléotides capable de réguler l’expression des gènes. Pour y parvenir, les miARN sont chargés dans une protéine Argonaute, formant ainsi le miRNA-induced silencing complex (miRISC), et servent de guide à ce complexe vers leurs cibles, les ARN messager (ARNm), où ils s’associent à ceux-ci par appariement de bases. La protéine Argonaute peut alors inhiber la traduction des ARNm et/ou les dégrader à l’aide de ses partenaires d’interaction. Chez C. elegans, les protéines ALG-1 et ALG-2 sont les deux Argonaute essentielles à la fonction des miARN. Celles-ci sont partiellement redondantes puisque la perte de fonction d’une ou de l’autre demeure viable pour l’animal, mais pas les deux à la fois. L’expression et le niveau d’activité de ces Argonaute varient à travers le développement de l’animal, mais le mécanisme de cette dynamique demeure incertain. Dans un effort pour mieux comprendre le mode de régulation d’ALG-1/2, nous avons récemment identifié DPF-3, soit une dipeptidyl peptidase, comme un nouveau partenaire d’interaction du miRISC. Cette protéine est connue comme étant capable de réguler l’activité d’autres Argonaute chez le nématode. À l’aide d’outils génétiques et moléculaires, nous avons montré que la perte de fonction de dpf-3 supprime les phénotypes associés à un défaut d’ALG-1 et rétablit un niveau d’expression normal des miARN ainsi que de leur cible même en absence d’alg-1. Nous avons par la suite effectué une précipitation du complexe miRISC et établi que ce phénomène est dû à une meilleure compensation d’ALG-2 dans la fonction des miARN lorsque dpf-3 n’est pas fonctionnel. Nous nous attaquons présentement au mécanisme par lequel DPF-3 régule l’activité des Argonautes de la voie des miARN. Nos essais in vitro montrent qu’ALG-2 est un substrat potentiel de DPF-3 et nous tenterons de le démontrer en contexte in vivo en créant une souche où ALG-2 est incompatible avec DPF-3 pour vérifier si cette mutation est suffisante pour répliquer la perte de fonction de dpf-3. À terme, ce projet permettra de mieux comprendre comment l’activité du miRISC est modulée afin d’accomplir une bonne régulation de l’expression des gènes lors du développement.